La petite histoire
Les maisons de négociants de la Grande Place datent du XVIe siècle. Elles présentent toutes les caractéristiques des maisons Renaissance à Marville. Il est probable que ces deux maisons soient dues au même architecte.
Maisons de négociantsN° 16 & 18, Grande Place
La maison nord (à droite)
On remarquera l’importance exceptionnelle du comble, divisé en deux niveaux comme dans la plupart des maisons de la place, et destiné au stockage des marchandises. L’aisance du propriétaire s’affiche dans le soin apporté à l’architecture : pilastres et chapiteaux ioniques au rez-de chaussée ; dorique au 1er étage et corinthien, au 2e étage ; fronton de porte à volutes, large bandeau convexe à décor de cannelures.
Au deuxième niveau s’ouvrent de grandes baies géminées à meneaux aux piédroits ornés de pilastres. Ce niveau est séparé du suivant par un bandeau bordé d’un cordon qui est orné d’une frise moulurée. Aux derniers niveaux, de petites fenêtres presque carrées sont alignées sur deux rangs. Une porte gerbière a été percée pour permettre le chargement en façade. Au dernier niveau, une poulie est installée et les moulures, trop saillantes, ont été taillées pour faciliter le transport des ballots ou autres denrées.
Cette maison est construite en profondeur : le premier bâtiment est suivi d’une cour disposant d’un puits puis d’un deuxième bâtiment qui ouvre sur la rue des Prêtres.
On entre directement dans ce qui devait être la cuisine avec sa cheminée monumentale du XVIe siècle dont le manteau, bombé et fortement mouluré, repose sur des piédroits galbés à décor d’acanthes.
Un escalier en vis suspendu, à noyau hélicoïdal, est situé au centre de la maison.
À partir du deuxième niveau, les cloisons sont en pans de bois.
Les pièces de bois utilisées pour la charpente ont été datées par dendrochronologie de 1625 et 1693.
En cave, nous retrouvons la même disposition qu’au rez-de-chaussée : deux caves à l’avant pour une cave à l’arrière.
Aucune n’est au même niveau mais les deux à l’avant sont voutées en berceau. L’une en pierre équarrie, l’autre en moellons. La cave sud garde les traces de collage* d’une ancienne cheminée.
La maison sud (à gauche)
Cette maison fut construite au XVIe siècle, mais son premier niveau fut repercé au XVIIIe. Détruite en partie pendant la guerre de 1939-1945, elle a été restaurée en 1975 ; la façade qui seule subsistait fut démontée pierre par pierre (numérotées) et reconstruite à l’identique.
À savoir
Depuis le Moyen Age, Marville est une localité très attractive pour les affaires et le développement du commerce tant par sa position géographique de carrefour que par ses privilèges. Elle s'ouvre à l'apport de capitaux avec notamment la présence d'étrangers menant des activités marchandes et banquières importantes. Entre 1477 et 1634, le commerce des marchandises et denrées est multiplié par sept. Les foires de Marville tiennent une place primordiale dans cet essor car seule Marville dispose de foires au sein des Terres Communes.