Pendant près de quatre siècles, du XIIIe au XVIIe, à l’époque où les États de l’Europe féodale n’avaient pas les frontières d’aujourd’hui, Marville appartenait à la fois aux duchés de Bar et de Luxembourg. Elle devint la capitale des « Terres Communes », nébuleuse de villages qui l’environnent.
Cette particularité et les dispositions prises pour la gérer, lui permirent d’avoir un statut privilégié et en firent un îlot de paix et de prospérité.
C’est tout d’abord au début du XIIIe siècle que la « Communauté des gens de Marville » fut affranchie à la loi de Beaumont par Thiébaut Ier, comte de Bar ; seigneur de Marville. Cette disposition permit aux villageois de s’administrer eux-mêmes grâce à une municipalité élue par eux chaque année.
Ensuite, la neutralité de la cité incita les nobles et les congrégations religieuses à s’y installer. Le commerce et l’artisanat y étaient prospères et les foires s’y multiplièrent. De riches marchands s’établirent à Marville.
Des architectes et tailleurs de pierre, véritables artistes de talent, édifièrent des demeures cossues dont beaucoup existent encore. Marville devint la deuxième ville du Luxembourg au XVIe siècle.
Le patrimoine religieux et funéraire s’en est également trouvé considérablement enrichi, les riches bourgeois se faisant élever pour la postérité des stèles de même standing que leurs belles demeures.
Malheureusement les événements qui se sont succédés depuis le rattachement de Marville à la couronne de France, au XVIIe siècle, sont à l’origine de la désaffection, voire la disparition d’une partie de ce patrimoine. En effet, Marville a perdu à cette époque sa neutralité : il devenait de ce fait moins intéressant d’y habiter. De plus la ville subit les aléas de la politique française et des guerres, à commencer par la guerre de Trente ans.
Cependant les façades XVIIIe de la Grande place ont profité de l’architecture militaire. Les maisons sont passées ensuite de mains et mains en se modernisant et en adaptant, selon les besoins, les espaces qu’elles occupaient.
Grâce à l’élan associatif et scientifique depuis plusieurs décennies pour la promotion du lieu, et surtout l’engagement des propriétaires des demeures remarquables et de la municipalité, dans la restauration du patrimoine public et privé dans les règles de l’art, Marville est sauvé de l’oubli.
Renaissance du nord meusien devient peu à peu un site sauvegardé et hors du temps, prisé des amoureux d’insolite et d’authenticité.